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Elizbeth Laban, Sujet : Tragédie, roman à partir de 14 ans traduit de l'américain par Catherine Gibert, 300 pages, Gallimard Jeunesse, février 2014, 16,50 € ****

Publié le par Sébastien Almira

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Lors de sa dernière année à Irving, internat privé près de New York, Duncan hérite de la chambre d'un étudiant albinos, Tim. Avant de quitter l'école, celui-ci y a laissé, comme le veut la tradition, un « trésor ». La plupart du temps, il s'agit d'une vieille part de pizza, d'un petit chèque ou d'une bouteille d'alcool. Mais comme le savait déjà Duncan, Tim ne faisait rien comme les autres, il avait d'ailleurs assisté de près à la catastrophe de l'an passé. Le trésor de Tim a justement un rapport avec la soirée que tout le monde à l'école voudrait oublier : il s'agit d'une pile de CD où l'ancien étudiant raconte ce qui s'est exactement passé ce jour-là. Mais pour l'expliquer, il doit remonter au début de l'année et, bien malgré lui, Duncan se fait happer par l'histoire de Tim.
Il ne peut s'empêcher d'écouter, passionné, la voix dans son ordinateur. Dès qu'un CD se termine, il se hâte de mettre le suivant. Et c'est de la même manière que dès qu'un chapitre se terminait, je ne pouvais m'empêcher de lire le suivant, arrivant en retard chez le kiné, me couchant à pas d'heure.

Outre les révélations sur le mystérieux événement de l'an passé, Tim dévoile des morceaux de sa vie, ses sentiments, il raconte la difficulté d'être différent, sa vue défaillante, son amour clandestin avec la sublime Vanessa (qui sort officiellement, et accessoirement, avec LE bogosse, LE meilleur pote de tout le monde, craint de tout le monde, l'organisateur du jeu des Terminales) et lui donne des pistes pour la fameuse dissertation sur la tragédie que M. Simon, le professeur d'anglais, donne chaque année aux terminales avec des consignes aussi étranges que « si vous utilisez sept fois le mot portée, vous aurez cinq points en plus ».

En même temps, on suit également l'année de Duncan, la peut-être renaissance de son histoire d'amour avec Daisy qu'il avait foirée avant les grandes vacances, le jeu des Terminales qu'il doit organiser, la vie à l'internat, etc.

« Il jeta un coup d’œil en direction de son bureau et des CD qui y étaient empilés. Il n'avait pas mangé, pas résolu le mystère de l'incident survenu dans l'aile des filles, Daisy était à l'hôpital pour une raison inconnue, mais il n'avait qu'une envie : écouter la voix de Tim raconter méthodiquement son histoire. Il avait tant de choses à comprendre, à faire ici, dans sa propre réalité, mai il était plus facile de cliquer sur Play, de s'étendre sur les draps en pilou rouges qui recouvrait son lit et d'écouter. » page 122

Honnêtement, je ne pensais pas accrocher à cette histoire d'un albinos qui raconte ses problèmes à un autre étudiant dans un pensionnat américain. Mais laissez tomber vos préjugés et laissez-vous happer, vous aussi, comme Duncan, dans Sujet : Tragédie. Dans l'histoire de Duncan et dans celle de Tim. Ca fait du bien de lire un truc qui prend aux tripes, qui passionne, un peu comme quand, ado, on dévorait le nouveau Harry Potter à peine sorti de la librairie avec le livre.
Le roman a eu le même effet sur moi que les enregistrements de Tim sur Duncan. C'est hypnotique, captivant, fascinant, tragique. Car il s'agit de ça aussi : c'est l'histoire d'une tragédie. À moins que ce ne soit une histoire de tragédies.

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