Eric-Emmanuel Schmitt, La trahison d'Einstein, théâtre, 150 pages, Albin Michel, janvier 2014, 12 € ****
Quelle œuvre étrange que celle d'Eric-Emmanuel Schmitt. Soldat de première ligne de l'armée Albin Michel, il est sur tous les fronts, pour le meilleur comme pour le pire : romans, nouvelles, pièces de théâtre, essais. Si ses nouvelles sont de plus en plus niaises et que ses derniers romans n'ont pas une once de qualité et d'originalité de ses anciens, il faut reconnaître qu'en théâtre, Monsieur Schmitt n'a pas perdu la main.
Avec La trahison d'Einstein, on quitte le théâtre de boulevard dans lequel il a inscrit plusieurs de ses pièces comme Petits crimes conjugaux, Variations énigmatiques ou encore La tectonique des sentiments pour rejoindre des sujets plus sérieux comme Le visiteur (à lire absolument si ce n'est déjà fait).
On se retrouve sur les bords d'un lac du New Jersey en 34,39 et 45. Einstein a quitté l'Europe et vit à Princeton. La pièce retrace les rencontres entre le savant et un vrai-faux vagabond où il sera question de politique, de sciences, des hommes, de la guerre, de remords, de doutes et d'alcool. Einstein est en proie à un sacré problème d'éthique : il veut combattre les nazis mais ne veut pas aider les États-Unis. Qui, de la bombe nucléaire ou de son pacifisme, aura le dernier mot ? Une intrigue légèrement policière saupoudrera le tout pour vous entraîner dans la tourmente d'Albert Einstein.
Voilà donc une très bonne pièce de théâtre, complète (dramatique, comique, historique et policière). Un vrai régal à lire (dialogues enlevés, cyniques ET intéressants) et peut-être à voir puisqu'elle sera jouée par Francis Huster, Jean-Claude Dreyfus et Dan Herzberg, dans une mise en scène de Steve Suissa au Théâtre Rive-Gauche à Paris du 30 janvier au 30 mars 2014.
Merci à Claire Migneret des éditions Albin Michel pour cette lecture !