Littérature ado : Uglies de Scott Westerfeld **
Uglies, tome 1, Grand Prix de l'imaginaire 2008, mai 2007, 420 pages, 13,50 €
Pretties, tome 2, novembre 2007, 380 pages, 13,50 €
Specials, tome 3, février 2008, 380 pages, 13,50 €
Extras, tome 4, août 2008, 420 pages, 13,50 €
(disponibles chez Pocket Jeunesse)
Commencée il y a plus d'un an, cette saga en dents de scie trouve enfin une place sur le blog Culturez-Vous. Traduite de l'anglais, on ne saura, à moins d'être anglais ou bilingue, s'il faut blâmer l'auteur ou le traducteur du style sans prétention et sans fioriture, mais sans éclat et sans qualité, qui nous est offert de lire.
« Elle soupira, face à l'obscurité. Zane et Fausto devraient déjà se diriger vers les ruines en s'imaginant qu'elle les suivait. Comment avait-elle pu laisser échapper cette occasion ? La ville réussissait une fois de plus à la récupérer. Était-elle semblable à Péris, au fond d'elle-même ? » (passage choisi au hasard, page 244 du tome 2)
Le niveau est, comme trop souvent en littérature ado, tout juste normal, si ce n'est pire. Il est dommage de constater qu'à un âge où on peut être rebuté par la lecture à vie, on propose aux adolescents une majorité de livres mal écrits, alors que de bons livres pourraient donner envie à toute une génération. Cela dit, ce sont bien Anne Robillard et Stéphanie Meyer qui squattent le top des ventes...
L'histoire, elle, rehausse le tout. Comme tout roman d'anticipation pour ados, un groupe de jeunes gens enfermés dans un lieu (clos) ou un système (totalitaire) essaie de comprendre le pourquoi du comment et de changer les choses.
Dans le monde de Scott Westerfeld, le culte de la beauté est à son paroxysme. À seize ans, les uglies doivent se faire opérer. De leur statut de moche (nous, en fait), ils passent à celui de pretty. Plus rien ne peut alors leur être reproché physiquement : ils se ressemblent tous, extrêmement beaux. Mais identiques. L'opération pourrait s'arrêter là, mais en plus d'une unification physique, chacun se voit affublé d'un cerveau supérieurement intelligent aux uglies mais incapable de toute réflexion critique sur la société qui les entoure. Ils ne se rendent bien entendu pas compte de leur lavage de cerveau, c'est pourquoi c'est avant l'opération qu'il convient de réagir et de fuir vers les ruines afin de rejoindre le groupe des rebelles.
Les bases sont posées, l'auteur peut donc nous balader dans toutes les castes de la société puisque, comme l'indiquent les quatre titres, Tally Youngblood, l'héroïne, sera tour à tour uglie, pretty, special et enfin extra.
Si le premier tome, entre la rencontre avec Shay qui lui apprendra la vérité sur l'opération, la fuite vers les ruines, la peur de tout perdre, l'attrait pour la paradisiaque New Pretty Town et la lutte pour l'environnement omniprésente grâce aux rebelles, et le deuxième où Tally devient finalement pretty sans pour autant oublier son combat et la révolution qu'elle entend bien mener, tiennent complètement la route, devenant même impossibles à refermer, les deux suivants perdent rapidement en attrait, en vitesse, en qualité et en saveur. La saga ne continue que pour vendre plus, s'essouffle et lasse. Dommage pour un aussi bon début.