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Samuel Benchetrit, Chroniques de l'asphalte

Publié le par Sébastien Almira

Le temps des tours, 1/5, Julliard, octobre 2005, 18 € ****

L'arrivée à Paris , 2/5, Julliard, août 2007, 18 € ****

L'amour, 3/5, Grasset, octobre 2010, 18 € ***

 

 

 

benchetrit.jpgTaxé de bogosse de la littérature, Samuel Benchetrit s'est également essayé au théâtre (Comédie sur un quai de gare, Julliard, 2001, et Moins 2, L'avant-scène, 2005) et au cinéma (J'ai toujours rêvé d'être un gangster). Son côté romanesque est désinvolte à souhait, comme en témoigne le titre de son premier roman, Récit d'un branleur (Julliard, 2000) et le langage des suivants. N'ayant pas lu ce premier roman, je ne peux que supposer que le niveau de langage est aussi outrancier que dans les Chroniques de l'asphalte et Le cœur en dehors (chronique ici).

 

bench1.jpgAlors en quoi consistent ces chroniques ? Et bien, notre auteur en herbe s'est mis en tête d'écrire ses mémoires. Ah ! La belle affaire ! Mais qu'a-t-on à raconter de sa vie lorsqu'on a trente ans et qu'on ne sait pas vraiment écrire ? Parce que, ne mentons pas, Samuel Benchetrit n'a rien d'un grand écrivain, il écrit comme un ado de quinze ans venant de réussir correctement son brevet. Mais cela tombe bien, puisqu'il raconte son enfance et son adolescence. Le ton est donc le bienvenue ici. Je me dois de redresser la barre avant que vous ne pensiez que je vais encore « casser de l'écrivain ». Au contraire, j'adore Samuel Benchetrit ! Ses livres, j'entends bien, car le personnage n'est pas aussi sympathique. Pour l'avoir rencontré à Brive l'année dernière, je peux vous dire qu'il s'agit d'un homme dont la nonchalance n'a d'égale que l'antipathie qu'il dégage. Ses livres, en revanche, sont une réelle partie de plaisir. Aucune contrainte intellectuelle, aucune prise de tête, aucun stress possible : lire Benchetrit, c'est ne plus penser à rien, se détendre et se mettre à rire peu.

 

bench2.gifLe premier tome retrace son enfance en banlieue parisienne sous forme de chapitres-souvenir indépendants les uns des autres. On découvre la vie du petit Bench' à travers les habitants de la tour, de la grosse Nathalie du 5° qui veut se venger de son ex au petit Touré du 11° qui insulte tout le monde de sa fenêtre en passant par les correspondants italiens chamboulés par le manque certain de bourgeoisie de l'endroit. Ses potes, les filles, les cours, les grands frères, les dealers, tous y passent, pour notre plus grand plaisir.

Dans le second tome, Samuel a quitté sa cité pour la capitale où il espère vivre de sa passion : la photo. D'espoirs en déceptions, de rencontres en engueulades, Benchetrit en remet une couche. Le principe est exactement le même que dans le premier tome, mais son personnage a grandi, les filles gagnent en importance, même Mme Foutin (chapitre culte) !

Si les deux premiers tomes m'avaient enchanté, j'étais on ne peut plus heureux d'apprendre que le troisième était enfin paru ! Adieu Julliard, bonjour Grasset ! Mais là encore, on ne change pas une formule qui a fait ses preuves. Couverture, dessin, charte graphique, construction du récit, langage restent les mêmes. Petit retour en arrière cependant avec L'amour dans tous ses états. L'amour, tout le monde y a droit, aussi Samuel Benchetrit raconte celui de chacun, son meilleur pote, sa voisine, mais aussi « l'élève le plus moche depuis l'invention de l'éducation nationale ». Le propos amène quelques situations cocasses, le rire ne vient plus aussi souvent qu'auparavant, mais l'ensemble reste satisfaisants pour les inconditionnels.

 

bench33.jpgAmateurs d'humour peu tarabiscoté, à la recherche de moments de détente, accompagné d'un bon sirop (ne grandissons pas trop vite, suivons le petit Bench'), ouvrez n'importe lequel des trois volumes, lisez un chapitre au hasard (pas plus de vingt pages écrites en gros caractères, promis !), vous verrez bien que je n'ai d'actions ni chez Julliard, ni chez Grasset, que tout est vrai, que trois heures de plaisir coûtent seulement 18 € (5 € en poche).

Amateurs de grande littérature, à la recherche du prochain Céline, du prochain Vargas Llosa ou du prochain Dostoïevski, ne souhaitant pas vous embourber dans quoi que ce soit de trop peu sérieux, passez votre chemin... ou profitez-en pour enfin vous accorder un instant de répit et de rigolade intense !

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Y
<br /> Aïe, je crois qu'on ne rira pas ensemble :-)<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> J'ai bien aimé le premier tome et surtout, j'ai cru mourir de rire devant "J'ai toujours rêvé d'être un gangster", moi qui suis très mauvais public pour ce qui est de l'humour (nos comiques<br /> hexagonaux ne me font pas rire du tout...). Mais j'ai été tellement déçue par "Le coeur en dehors" que je n'ai pas poussé plus loin l'autobiographie...<br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Etant très bon public, j'ai forcément adoré les trois tomes ainsi que Le coeur en dehors... Mais je comprends qu'on n'accroche pas plus que ça à ses livres, qui ne font en rien figures<br /> de génie.<br /> <br /> <br /> En revanche, pour l'humour à la française, je ne comprends pas ! La barrière de la langue me pousse forcément à ne pas apprécier plus que ça les humoristes et films comiques étrangers, mais je me<br /> prosterne devant certains français : Elie Kakou, Coluche, Gad ELmaleh, Muriel Robin et Mado la niçoise (Noëlle Perna) côté humoristes, et Le dîner de cons, Le père-noël est une ordure, Les<br /> visiteurs, etc. côté films...<br /> <br /> <br /> <br />