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Lectures avortées de la rentrée 2018

Publié le par Sébastien Almira

Avant de passer au meilleur de l'année 2018 et à la rentrée de janvier 2019, je voudrais écrire quelques mots sur des romans de la dernière rentrée dont je n'ai pas parlés parce que je ne les ai pas terminés. Certains parce que je les trouvais mauvais, d'autres parce que je m'ennuyais ou encore parce que j'avais envie d'autre chose.
Pas d'étoiles ici donc, seulement quelques commentaires.

 

Julian Barnes, La seule histoire, roman traduit de l'anglais par Jean-Pierre Aoustin, 250 pages, Mercure de France, octobre 2018, 22,80€
Je n'en avais jamais lu. Apparemment, il FAUT lire Une fille, qui danse. Mais apparemment ce nouveau roman est également magnifique, époustouflant, beau, émouvant, et je ne saurais me remémorer tous les adjectifs et les superlatifs que j'ai lus et entendu sur La seule histoire. C'est donc à pas de loup que je commence ma lecture, plein d'espoir et de timidité.
Et je suis resté timide. Je n'ai lu que soixante pages, mais qu'est-ce que je m'y suis ennuyé dans ces soixante pages ! Effectivement, le narrateur ne met pas de pathos dans l'histoire d'amour qu'il raconte. Non, il n'y met rien. Rien qui m'interpelle, rien qui m'enveloppe, rien qui me donne envie de poursuivre ma lecture.

 

Makenzy Orcel, Maître-Minuit, roman, 320 pages, Zulma, octobre 2018, 20€
De Makenzy Orcel, j'avais adoré le cru, le poétique, le sublime, le sale, l'émouvant roman Les Immortelles paru chez Zulma aussi en 2012 (critique ici). Je n'avais pas été tenté par le suivant et, cette année, je me suis dit quand même si Les immortelles t'avait autant plu, allez, lance-toi, son écriture est tellement belle, inventive, furieuse. C'est toujours le cas. Mais ça l'est un peu trop parfois.
Comme lorsque conquis par Palestine, j'avais enchaîné avec Oppium Poppy de Hubert Haddad : une déception cuisante. Un style trop travaillé, trop complexe, trop incompréhensible.
Makenzy Orcel m'a envoûté le temps de vingt, trente pages, je ne sais plus, et m'a perdu en chemin. Je ne comprenais même plus certaines scènes, tellement les phrases étaient poétiquement alambiquées, pleines de fioritures, pleines de zones d'ombre.
Moment d'égarement de ma part ou de celle de l'auteur, mais sacré moment d'égarement...

 

Gildas Guyot, Le goût de la viande, roman, Éditions In8, octobre 2018, 17€
Le représentant nous l'a vendu comme dans la ligné de Pierre Lemaître. Peut-être. La langue est riche, l'ambiance lourde, pesante. C'est un homme qui renaît, qui sort d'entre les morts, ces tas de morts pendant la première guerre mondiale. Il s'extrait des cadavres purulents et on y est. On les voit, on les sent, on les vomit. Il n'y a pas à dire : l'auteur a quelques qualités pour nous plonger dans la merde.
Et je ne m'y sentais pas bien du tout. Aucune envie de rester là-dedans, de vivre cet enfer.
En revanche, j'ai trouvé son écriture et son récit à la fois maîtrisés et à la fois maladroits. Parfois pédants même, excessifs aussi. Quelque chose que j'ai eu du mal à expliquer à mes collègues, mais quelque chose de faussement maîtrisé et de faux. Quelque chose comme ça.

 

Florence Noiville, Confessions d'une cleptomane, roman, 190 pages, Stock, août 2018, 17,50€
Marie-Sabine Roger, Les bracassées, roman, 320 pages, Rouergue, août 2018, 20€
Avec un roman sur une cleptomane et un roman sur une vieille obèse phobique sociale qui rencontre une jeune atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette, je m'attendais à me payer deux bonnes tranches de rire, tant ce genre de personnages me plaît et peut engendrer de sacrées scènes. Que nenni ! J'ai à peine ri avec Le discours de FabCaro (critique ici), et je n'ai pas ri du tout avec ces deux romans, vite laissés tomber.

 

Salman Rushdie, La Maison Golden, roman traduit de l'anglais par Gérard Meudal, 410 pages, Actes Sud, août 2018, 23€
Après Julian Barnes, encore un grand écrivain anglo-saxon, que je découvre à peine. J'ai beau avoir Les versets sataniques depuis treize ou quatorze ans, je n'avais rien lu de Salman Rushdie. Son statut d'écrivain culte ne m'a jamais étonné mais après avoir lu le début de La Maison Golden, il me semble quelque peu galvaudé.
Il se perd tellement en circonvolutions que sa prose finit par ressembler à un catalogue d'exposition. Quantité d'informations inutiles supérieure au nombre de lignes incalculable de chaque phrase, tournures d'une prétention sans nom :ce qui me vient après quelques dizaines de pages, c'est que La Maison Golden est a été dorée après avoir été torchée comme une pâtisserie de supermarché.

 

Allan Hollighurst, L'affaire Sparsholt, roman traduit de l'anglais par François Rosso, 600 pages, Albin Michel, août 2018, 23,90€
Je suis venu à bout de l'énorme et pompeux nouveau roman du « plus grand styliste anglais » Allan Hollinghurst, en sautant pléthore de pages. Il s'agit là d'un roman fleuve bouffi de prétention et de tentatives stylistiques à mourir d'ennui qui plaira sans doute aux vieux homos intellos parisiens mais endormira le reste de la France en quelques pages.

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