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Élise Fontenaille, Les trois sœurs et le dictateur, roman à partir de 11 ans, 70 pages, Rouergue, doado, janvier 2014, 8,70 € ****

Publié le par Sébastien Almira

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Pour la première fois, Mina se rend sur la terre de ces ancêtres, en République dominicaine. Mais la petite Californienne ne s'attendait pas à un passé aussi chargé d'Histoire, son père n'ayant jamais rien raconté de sa jeunesse, ni de sa famille. Mina va découvrir l'histoire de sa grand-mère, Minerva, et ses deux sœurs, Patria et Maria-Teresa. Les sœurs Mirabal sont devenues un exemple en Amérique latine pour avoir osé tenir tête au dictateur Trujillo et avoir lancé la révolution qui fera tomber le régime, au point que le 25 novembre a été déclaré « Journée mondiale de lutte contre la violence faite aux femmes » en leur honneur.

« Je ne peux pas le croire : le monstre qui a tué sa mère... Il ne te parle vraiment de rien alors (le père de Mina) ! C'était un démon, qui régnait depuis des années par la terreur : il était venu au pouvoir par un coup d'état en 1930, dès que quelqu'un essayait de lui résister, il le faisait jeter en prison, et on ne le revoyait jamais. En 1937, il a fait massacrer plus de vingt mille Haïtiens qui travaillaient dans les plantations de cannes à sucre, on a jeté les corps dans une rivière – la rivière du Massacre. » page 27


Vous comprendrez pourquoi en lisant ce court roman. Élise Fontenaille l'a rendu intense et agréable à la fois en entrecoupant le récit historique raconté par Adela Mirabal, la plus petite des quatre sœurs, trop jeune à l'époque pour participer à la révolution, avec des scènes actuelles : la venue de Mina en République dominicaine, la rencontre avec son cousin (un peu douteuse leur relation d'ailleurs : et vas-y qu'il lui caresse les cheveux, son « beau cousin », et qu'elle est « la plus heureuse d'être là », et que rien n'est plus beau que de manger une glace sur la plage avec son beau cousin, et vas-y qu'il « baisse la capote de sa voiture » en lui donnant du « ma jolie »...), la rencontre avec sa grande tante Adela, des scènes de toute beauté dans son jardin aux milles couleurs et aux milles senteurs.

Voilà donc encore une superbe publication dans la collection doado qui fera un peu connaître par chez nous l'histoire des sœurs Mirabal, sans tomber dans les clichés, dans la lourdeur de l'hommage.

« On a marché dans l'allée, Adela et moi, à l'ombre des grands arbres sombres, elle m'a montré les nénuphars, leurs corolles blanches cerclées de vert qui tournaient sur l'eau noire : les reines du bal.
- Elle aimait tellement les nénuphars, Minerva... Elle s'en coiffait, elle posait une corolle blanche sur ses cheveux de jais, elle avait l'air d'une fée, en la voyant si belle, si gaie, tout le monde riait. Partout où elle allait, elle amenait la joie. » page 31

 

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